QRM, dernière pièce de l’édifice Fabius en Seine-Maritime

Dans sa riche histoire, le football français a connu de nombreux rapprochements entre clubs. Parfois l’oeuvre d’un dirigeant mégalomane, d’autres fois murement réfléchis par les pouvoirs politiques locaux, ces fusions ont toutes une histoire singulière que nous allons aborder en quatre épisodes. Deuxième volet avec le rapprochement entre Quevilly et Rouen depuis avril 2015. Si le projet « QRM » n’est pas une fusion à proprement parler, il est surtout l’illustration des rapports de force politiques locaux, et de leur évolution. 

À Rouen, quand on parle de football, deux noms ressortent immédiatement : le FC Rouen (FCR) et l’US Quevilly (USQ). Les deux clubs ont fait les beaux jours du football seinomarin, chacun à leur façon. Le FC Rouen a été parmi les premiers clubs à se lancer dans le professionnalisme dans les années 1930, et les exploits des « Diables Rouges » ont longtemps rythmé la vie des Rouennais, avec en point d’orgue un 8e de finale de Coupe des villes de foire contre Arsenal en 1969. Le club est toutefois autant connu pour ses résultats sportifs que pour ses difficultés financières, avec trois dépôts de bilan depuis les années 1990. 

L’US Quevilly, pour sa part, met en avant le football amateur, en réalisant des épopées en Coupe de France et remportant plusieurs championnats de France amateur. En 2012, le club atteint la finale de la Coupe, deux ans après avoir échoué en demi-finale. Florentino Perez, le président du Real Madrid, dit alors de l’USQ qu’il s’agit du meilleur club amateur du XXe siècle. 

2015, l’heure du rapprochement

Mais avoir deux clubs majeurs dans l’agglomération ne convient pas à tous les acteurs du territoire. Depuis les années 1960, plusieurs projets de fusion ou de rapprochement ont été présentés et évoqués par les présidents des clubs et les pouvoirs publics. Mais aucun de ceux-ci n’a abouti, jusqu’en 2015. Cette année-là, Fabrice Tardy, président du FCR, et Michel Mallet, président de l’USQ, présentent le projet « QRM ». 

Le projet QRM n’est pas une fusion, mais un rapprochement entre les deux clubs de l’agglomération rouennaise. Ils préservent ainsi leur numéro d’affiliation à la FFF, ainsi que leur existence juridique en tant qu’association FCR et USQ, mais une société par actions simplifiée (SAS) est créée : l’US Quevilly Rouen Métropole. Dans les faits, l’équipe fanion de l’USQ devient l’équipe QRM et évolue en CFA, la réserve de l’USQ en CFA 2 reste à ce niveau, tandis que le FC Rouen évolue en DH. Le logo nouvellement créé pour l’équipe de CFA illustre cette organisation particulière : il ne s’agit pas d’un écusson à part entière, mais d’une apposition des deux logos des clubs préexistants. 

Le compromis entre les deux clubs se retrouve également dans le choix des couleurs des nouveaux maillots et dans le choix du stade occupé. QRM joue ses matchs à domicile au stade Robert Diochon, antre historique du FCR, avec un maillot à dominante rouge, couleur du FCR, mais avec des éléments jaunes, couleur de l’USQ. À l’extérieur, le club joue en jaune. L’US Quevilly-Rouen Métropole constitue ainsi un club hybride, à mi-chemin entre le FCR et l’USQ.

2012-2013, grandeur et décadence du football rouennais

Si le projet QRM voit le jour en 2015, c’est que les trois années précédant le rapprochement ont vu des évolutions majeures dans le paysage footballistique rouennais. Alors que les deux clubs évoluent en National, que l’US Quevilly sort d’une finale de Coupe de France et que la campagne présidentielle de François Hollande a mis en lumière le FC Rouen, la saison 2012-2013 est celle du cataclysme pour le football rouennais. 

Suite à une saison difficile, l’US Quevilly finit 20e de National et est rétrogradé en CFA. Le FC Rouen, qui réalise une saison en demi-teinte termine 5e du championnat, à deux points du podium. Ce classement est difficile à accepter pour le club, privé de la montée par le retrait de trois points par la DNCG à l’intersaison, en raison d’un déficit trop important. Pire, la commission décide en fin de saison de rétrograder le club en Division d’Honneur. Cette décision est motivée par des difficultés financières depuis plusieurs années, mais aussi par le cumul du déficit du club, à hauteur de 2M€ à la fin de la saison 2012-2013. La SASP FC Rouen dépose le bilan, et le club repart au sixième niveau. L’US Quevilly devient alors le club majeur de l’agglomération, et porte les espoirs du football de haut-niveau.

Fabius, architecte intercommunal

Dans l’agglomération de Rouen, les clubs sont fortement dépendants des pouvoirs publics, du fait de leur instabilité sportive et financière. Dans le même sens, les pouvoirs publics souhaitent s’appuyer sur la visibilité du sport, et en particulier du football, pour développer leur attractivité et le rayonnement du territoire. Jusqu’au début des années 2010, la ville de Rouen était le principal financeur du football rouennais, à travers le soutien au FCR. Historiquement, les travées du stade Robert Diochon ont été arpentées par les élus municipaux, soucieux de montrer leur attachement au club, du fait de la popularité de ce dernier. À partir de 2010, un nouvel acteur politique prend de plus en plus de place dans la politique sportive au sein du territoire : la Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA).

Difficile d’évoquer l’intercommunalité rouennaise sans mentionner Laurent Fabius. Ce dernier a localement bâti un empire, surnommé la « Fabiusie », qui s’appuie sur les communes de la rive gauche de la Seine, historiquement ouvrière et populaire, où le potentiel socialiste est prometteur. Laurent Fabius s’est créé un cercle d’élus proches, et a maillé le territoire seinomarin, s’assurant de conserver les places fortes et organisant la conquête de nouveaux territoires. La « Fabiusie » se construit également en opposition à la ville de Rouen, de réputation bourgeoise, dont la fracture avec la rive gauche de la Seine est prégnante. Sur le territoire, deux explications à cette opposition existent. La première provient d’un intérêt politique : la proximité politique du maire de Rouen et de Laurent Fabius serait une faille dans laquelle s’engouffrerait l’opposition politique. La deuxième serait un désamour profond de Laurent Fabius et de son système pour la ville de Rouen, comme l’explique Matthieu Gudefin, président de la Fédération des Culs Rouges, association d’amoureux du FCR : « On avait un Président de la Métropole qui n’aimait pas Rouen : il y a des enjeux politiques entre la rive gauche et la rive droite, avec Quevilly. Leur fief métropolitain s’est construit à partir de Quevilly, et la ville de Rouen n’a jamais été valorisée, alors que la tête de pont c’est Rouen. »

Laurent Fabius, ou la construction de l’agglomération contre la ville © AFP

En 2015, la Métropole Rouen-Normandie prend la suite de la CREA. À sa tête, Frédéric Sanchez, maire du Petit-Quevilly et « héritier » de Laurent Fabius. Le passage de communauté d’agglomération à métropole renforce les tensions entre la ville de Rouen et l’intercommunalité. La Métropole Rouen-Normandie, forte de son statut, s’affirme comme un acteur central du territoire, tandis que la ville de Rouen, en proie à des difficultés financières et une perte de compétences, apparaît secondaire. La métropole s’est construite autour de 71 communes, de façon à limiter l’emprise de Rouen sur l’intercommunalité. Aujourd’hui, la municipalité pèse un peu moins de 25% de la population de la métropole, et donc environ 20% des voix au sein de celle-ci, ce qui limite considérablement son influence. Par ailleurs, les tensions entre la ville de Rouen et la métropole ne cessent de faire les grandes lignes des médias locaux. 

QRM et la métropole

En 2015, la Métropole Rouen-Normandie monte en compétence sur le sport « élite », comme outil d’attractivité et de rayonnement du territoire. La politique sportive de la métropole s’appuie ainsi sur le soutien aux clubs de haut-niveau, et la gestion des équipements sportifs d’intérêt métropolitain. Pour la métropole, et pour une majorité d’acteurs sportifs et économiques du territoire, un rapprochement ou une fusion des clubs du FCR et de l’USQ est nécessaire afin de disposer d’une équipe professionnelle permettant de faire rayonner le territoire. Si les projets de fusion avaient jusqu’ici échoué, la situation sportive et financière du FC Rouen ne laisse pas beaucoup d’autres choix à ce club, comme nous l’explique Victorien Lenud, journaliste pour Paris-Normandie : « Les politiques ont trouvé que c’était le moment opportun pour tenter un rapprochement, et pour faire accepter certaines choses au FCR. Ils ont profité que le club soit en DH pour être en position de force et négocier. En DH, c’est facile de dire : “on s’allie et on vise le National et la Ligue 2”. Alors qu’en National, ils se seraient débrouillés tout seul. »

Le rapport de force sportif entre le FC Rouen et l’US Quevilly est également politique. Localement, des rumeurs évoquent le rôle majeur joué par Laurent Fabius dans le rapprochement, bien que ce dernier n’ait jamais montré un réel intérêt pour le football, que ce soit à Rouen ou à Quevilly. Mais si ce n’est Fabius, c’est donc l’un des siens. En l’occurrence Frédéric Sanchez, Président de la Métropole Rouen-Normandie et maire du Petit-Quevilly où réside l’USQ. Ce dernier a fortement poussé pour que l’USQ tire avantage du projet QRM, qui est le projet sportif majeur de la Métropole. 

Frédéric Sanchez, maire du Petit Quevilly, lors de la finale de la Coupe de France jouée par l’USQ en 2012 © Côté Rouen

À l’inverse, la ville de Rouen est alors dirigée par Yvon Robert, dont l’intérêt pour le football et pour le FC Rouen est limité. Le socialiste était maire de Rouen en 1995, lorsque le FCR a dû déposer le bilan, et l’était de nouveau en 2013, lorsque le club a été rétrogradé administrativement en DH. Mais au-delà d’un désintérêt pour le football, Yvon Robert et son équipe municipale ont une vision négative du rôle du FC Rouen sur le territoire. Matthieu Gudefin, qui avait rencontré l’édile et son adjointe aux sports en 2013, nous précise la pensée de l’équipe municipale : « La mairie préférait que le FCR reparte en 4e division de district, car effectivement, une partie des Rouennais ne s’intéresse pas au foot, ou alors au très haut niveau. Et donc la mairie montait en épingle des idées préconçues sur le FCR, comme un club de voyou, qui fait mauvaise utilisation des subventions. Mais c’est aussi un club formateur, il y a un esprit FCR, qui est indépendant de l’équipe première. Donc en 2013, on a un peu jeté le bébé avec l’eau du bain ». Une situation qui aurait pu être différente si Valérie Fourneyron avait encore été aux commandes de la ville. En effet, l’ex-ministre des Sports, qui affirme avoir « grandi dans la tribune Lenoble à Diochon », avait poussé pour un accord entre le FC Rouen et la Matmut en 2013, qui prévoyait, à partir de la saison 2013-2014 et pour cinq ans, un partenariat record de 3M€. Ce partenariat n’a jamais vu le jour, suite à la rétrogradation du club. Surtout, localement, il se dit qu’Yvon Robert aurait conseillé à la Matmut de ne pas soutenir le club dans cette crise. La Matmut est ensuite devenue partenaire majeur de QRM, notamment en étant sponsor maillot. 

Ces différents rapports de force entre le FCR et l’USQ permettent au club de Quevilly de tirer profit du projet de rapprochement. Premièrement, à travers le nom de la nouvelle entité : Quevilly-Rouen Métropole. Cette dimension a fait l’objet de nombreuses tensions entre les présidents des deux clubs. Fabrice Tardy, président du FC Rouen, aurait été favorable à une fusion, à condition que le nom de Rouen apparaisse en premier. À l’inverse, Michel Mallet, président de l’US Quevilly puis de la SAS USQRM, refusait que le nom de son club disparaisse. L’idée de fusion a alors été abandonnée, et le rapprochement sous le nom de « US Quevilly-Rouen Métropole » s’est fait. L’US Quevilly a également pu tirer avantage de sa situation dans la constitution du capital de la SAS QRM. En effet, alors que le projet initial prévoyait une répartition des parts entre les associations USQ et FCR (à travers le président et le vice-président), à hauteur de 51%-49%, la réalité est toute autre. Le quotidien Paris-Normandie révèle que 90% des parts sont détenues par des acteurs privés, et 10% par l’association USQ. Le FC Rouen ne dispose pas de parts dans la SAS QRM, en dehors des parts détenues à titre privé par son président. Enfin, le contexte global a permis à QRM de signer une convention d’occupation du stade Robert Diochon avec la Métropole Rouen-Normandie. QRM devient alors le club résident du stade, et ce alors que « Diochon » a toujours été le stade du FC Rouen, portant le nom de son président historique. Il est alors convenu au début du projet que l’équipe fanion du FCR, en DH, ainsi que l’équipe féminine, évoluant en D2, pourront toujours évoluer sur ce stade. 

Le cumul de tous ces détails a produit une certaine aversion de la part des supporters du FC Rouen, qui ont tout de suite rejeté le projet QRM, comme l’explique Victorien Lenud : « Quevilly apparaît avant Rouen, c’est un point de désaccord au départ. En fait, les supporters du FC Rouen ont tout de suite l’impression qu’on leur pique leur club, mais qu’on piquait un peu l’identité de Rouen, pour faire un club factice, c’était un peu ça qui ressortait. Que Quevilly vienne jouer à Diochon, que l’ennemi du coin vienne jouer chez soi, à Diochon, ça a été le point de départ de la rancœur vraiment envers le projet ».

Le stade Robert Diochon, où les lettres QRM côtoient désormais les lettres historiques FCR © FM/Normandie Actu
Un succès sportif immédiat

Dès sa première saison, le projet QRM est une vraie réussite sportive. Les joueurs de Manu Da Costa terminent premiers de leur poule de CFA, et accèdent au National. La deuxième saison sonne un nouveau succès, puisque QRM termine à la seconde position du classement, et monte en Ligue 2. En deux saisons, le projet a atteint un objectif qu’il s’était fixé en trois à cinq ans. Au niveau de l’attractivité, la réussite est pourtant moins flagrante. Les matchs de QRM en National attirent peu de spectateurs. En dehors du match de la montée en Ligue 2, qui a attiré près de 8 000 personnes (les plus sceptiques mettent en avant le nombre important d’invitations offertes par QRM), l’affluence moyenne tourne autour de 1000 spectateurs au stade Robert Diochon. Lors de la saison suivante, en Ligue 2, l’affluence n’est pas bien meilleure, avec une moyenne de 3 000 spectateurs. Il faut noter que l’équipe joue ses premiers matchs à domicile au Mans, au sein de la MMArena, en raison des travaux de rénovation du stade, ce qui ne permet pas de créer une dynamique locale.

À l’inverse, les affluences des matchs du FCR à Diochon sont importantes pour la DH, avec une moyenne de 500 spectateurs. Les rencontres contre la réserve de QRM, en DH puis en N3, sont celles qui attirent le plus de spectateurs. Cette affluence est notamment liée aux actions « Tous en Rouge à Diochon » de la Fédération des Culs Rouges, qui offre une place aux supporters du FC Rouen portant un vêtement de couleur rouge. Ainsi, 1 500 spectateurs sont présents au stade en novembre 2015 pour assister au match nul face à la réserve de QRM. Les supporters mettent en avant un « effet QRM » créant ce regain d’intérêt pour le FC Rouen, comme l’indique la presse locale.

Par ailleurs, au-delà des affluences lors des matchs, une forme de défiance apparaît autour du projet QRM, qui s’exprime au-delà de la seule agglomération rouennaise. Lors de matchs à l’extérieur, comme à Concarneau ou Béziers, les supporters adverses reprennent le slogan des supporters du FC Rouen à l’encontre de QRM « Un seul club à Rouen : FC Rouen ».

Bâche et craquage de fumigènes des Rouen Fans en décembre 2017 © Rouen Fans
Mépris et fusion

Le succès sportif de QRM fait alors un peu plus évoluer le rapport de force en faveur de QRM. Comme l’indique le journaliste Victorien Lenud, « il y a eu les résultats tout de suite, et ils ont profité de cette situation pour ne pas trop se soucier du sort du FC Rouen ». Les conditions de vie du FC Rouen sont peu enviables. QRM interdit à plusieurs reprises l’accès des vestiaires (locaux et visiteurs !) du stade Diochon au FC Rouen. Par ailleurs, à plusieurs reprises, le FC Rouen doit reporter ou délocaliser ses matchs afin de préserver le terrain du stade Diochon pour les matchs de QRM. Le cumul de ces détails, allant de la couleur du maillot, au nom du club, en passant par le projet de fusion et l’usage des équipements, ont raison des rares supporters encore enclins à soutenir le projet du côté du FC Rouen, comme l’explique Matthieu Gudefin : « Donc si on joue en rouge et blanc à domicile, si c’est le FCR, on était dans un tel niveau de désarroi, les gens auraient suivi, parce que l’identité était préservée. L’idée depuis le départ, c’était ‘pas de fusion’, et deux ans après, on parle de fusion-absorption, avec destruction du numéro du FCR. C’est une entreprise de destruction du FCR qui est inacceptable. »

Dès 2016, se pose la question de quitter le projet QRM lors de l’Assemblée générale de l’Association FC Rouen. La crainte du côté du FCR est de voir la nouvelle entité absorber purement et simplement le club, bien au-delà d’un projet de fusion. Le vote au cours de cette AG pousse au départ la majorité des administrateurs pro-QRM du club, en soutenant majoritairement les administrateurs pro-FCR, à commencer par le président du FCR et actionnaire de QRM, Fabrice Tardy. Celui-ci a notamment le sentiment que le FCR n’est pas traité à équité avec QRM. De ce fait, à partir de 2016, la fusion entre les deux clubs s’éloigne progressivement. Michel Mallet, président de QRM, indique en décembre 2016 dans une interview au quotidien Paris-Normandie que la fusion n’est plus d’actualité mais ouvre la porte à un changement de nom du club, en signe d’apaisement. Mais en fin d’année 2017, alors que QRM évolue en Ligue 2 et le FCR en N3, des rumeurs annoncent le départ du FC Rouen du projet QRM. Alors que le FC Rouen dit attendre son Assemblée générale pour communiquer sur le sujet, Michel Mallet, président de QRM, annonce la sortie du FC Rouen du projet QRM dans un communiqué. Cette émancipation est bien votée par les membres lors de l’AG, et il est annoncé que le FC Rouen quitte le projet QRM au 30 juin 2018. Le projet QRM continue donc sans le FC Rouen, mais toujours sous le même nom, avec un nouveau blason.

Quel avenir pour QRM et le FCR ?

Sportivement, le rapport de force évolue entre QRM et le FCR. À la fin de la saison 2017-2018, le FC Rouen se maintient en N3 et retrouve son indépendance, hors du projet QRM. À la fin de l’année 2018, le club décide de constituer une nouvelle SAS, avec l’objectif d’accéder en Ligue 2 d’ici 4 à 5 ans. De son côté, après une saison terne en Ligue 2, QRM redescend en National. Lors de la saison suivante, en 2018-2019, le FC Rouen parvient à monter en N2, tandis que QRM réalise une saison moyenne, terminant à la 9eplace. La saison 2019-2020 donne des espoirs aux supporters du FC Rouen, puisque ce dernier reste en tête de sa poule de N2 pendant 10 journées, mais l’arrêt des championnats suite au Covid-19 ne lui permet de monter en National, où il aurait rejoint… QRM, qui échoue à la 14e place, aux portes de la relégation en N2.  

Mais c’est au niveau politique que des changements majeurs apparaissent et interrogent sur le futur du projet QRM. En effet, Frédéric Sanchez quitte à l’été 2019 la présidence de la Métropole Rouen-Normandie et la vie politique locale. QRM se retrouve alors privé d’un soutien de poids au sein de la commune du Petit-Quevilly, et au sein de la Métropole. D’autre part, les élections municipales de l’année 2020 remettent en question la structuration politique du territoire. Le système Fabius pourrait souffrir du recul du socialisme, et de l’entrée en force de LREM dans l’agglomération rouennaise. À Rouen, Yvon Robert ne se représente pas pour diriger la ville, et les matchs du FC Rouen à domicile attirent les élus de la capitale normande. Si aucun candidat à la mairie ne s’est prononcé clairement sur le sujet, il est de bon ton d’être vu à Diochon pour les matchs du FCR. Cette évolution majeure de la structuration politique du territoire interroge la direction de QRM. En effet, la convention d’occupation du Stade Robert Diochon entre QRM et la Métropole se termine en 2021, et l’identité de la nouvelle présidence de la Métropole Rouen-Normandie pourrait remettre en cause une telle convention. Comme l’explique Victorien Lenud, « personne ne le dit mais selon moi, Michel Mallet va être très attentif à ce qui va se passer à la Métropole. Si elle change de bord, il y a des chances qu’elle mise sur le FCR et non plus sur QRM. Si le prochain président ne veut pas de QRM à Diochon, il pourrait être amené à retourner à Lozai (stade historique de l’US Quevilly, NDLR) »L’avenir est donc incertain pour le football rouennais, entre nivellement sportif et bouleversement politique.

Interrogé sur sa passion pour le football, le Rouennais et ancien Président de la République François Hollande déclarait : « Le sport, c’est comme la politique : soit on est dans le conflit, l’affrontement… Soit on partage quelque chose de plus grand et on est capable de s’élever ». À Rouen, en football comme en politique, le partage s’annonce compliqué.     

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